Sylvain Feruglio SUMMIT SORBONNE UNIVERSITE LIP6
Sylvain Feruglio SUMMIT SORBONNE UNIVERSITE LIP6

Interview de Sylvain Feruglio, enseignant-chercheur HDR Sorbonne Université / CNRS / LIP6

Bonjour Sylvain, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de l’évolution de vos recherches vers l’application médicale de vos compétences en électronique ?

SF : Je suis enseignant-chercheur en électronique et en micro-nano-électronique depuis 2007, après avoir soutenu une thèse sur les capteurs optiques et un post-doctorat portant sur les technologies nanoélectroniques ultimes. Initialement, mes travaux de recherche étaient plus orientés vers le développement de composants électroniques. Cependant, depuis mon recrutement au sein de l’équipe SYEL du LIP6, ma recherche s’est progressivement tournée vers l’application dans le domaine biomédical. Cela a été un tournant naturel, car il y a une forte demande pour des solutions technologiques innovantes dans ce secteur, et mon expertise en électronique s’est rapidement adaptée à ces besoins.

Sylvain Feruglio SUMMIT SORBONNE UNIVERSITE LIP6

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l’instabilité de la cheville et à développer le projet SteadyGait ?

SF : Mon intérêt pour ce projet découle de plusieurs précédents travaux en ingénierie biomédicale. En échangeant avec des médecins de l’hôpital Trousseau et de la Clinique du Sport, nous avons pris conscience du besoin crucial de solutions plus précises pour le diagnostic et le suivi de l’instabilité chronique de la cheville. C’est donc en réponse à un besoin exprimé par le corps médical que nous avons lancé ce projet. Il a également bénéficié de l’appel à projets IUIS, où nous avons proposé une solution innovante pour cette pathologie souvent négligée dans le suivi médical.

Quelles sont les principales innovations de votre prototype de diagnostic de la cheville instable par rapport aux solutions existantes, en quoi cela représente-t-il une amélioration ?

SF : Le prototype que nous avons développé intègre une série de capteurs d’aide au diagnostic, couplés avec un système électromécanique de mesure de la laxité de la cheville. Les dispositifs existants sont souvent rudimentaires et dépendent fortement de l’opérateur. Notre solution apporte un avantage en éliminant la variabilité entre les différents utilisateurs. L’objectif est de fournir une mesure de la laxité plus fiable et reproductible, ce qui est essentiel pour un suivi à long terme, notamment post-opératoire.

Comment s’est déroulée votre collaboration avec les Docteurs Ibrahim Saliba et Alexandre Hardy de l’APHP et SUMMIT, et quelle a été leur contribution au projet ?

SF : La collaboration avec les médecins et l’unité de service SUMMIT a été très fructueuse. Elle a pris forme dans le cadre de l’appel à projet IUIS, ce qui nous a permis de structurer efficacement notre équipe. Grâce à ce partenariat, nous avons pu recruter un doctorant junior pendant 12 mois et un stagiaire en ingénierie pendant 6 mois, ce qui a renforcé notre capacité à avancer rapidement. L’appel à projets SUMMIT, a été un soutien précieux lors du développement de notre prototype, en nous apportant l’expertise en ingénierie et en permettant d’améliorer significativement la partie électromécanique du dispositif.

Quels bénéfices votre dispositif pourrait-il apporter aux patients et aux praticiens dans le diagnostic et le suivi des instabilités de la cheville ?

SF : Notre dispositif offre des mesures objectives et indépendantes de l’opérateur, ce qui permet d’obtenir des résultats plus reproductibles que les méthodes existantes. De plus, il permettra d’obtenir des données supplémentaires et plus pertinentes pour le diagnostic, notamment sur l’évolution de la laxité de la cheville. Cela pourrait aider à personnaliser les traitements et à suivre l’efficacité des interventions chirurgicales avec une grande précision, apportant ainsi un réel bénéfice tant pour les praticiens que pour les patients.

Suite à notre collaboration, quelles sont les prochaines étapes du projet SteadyGait et vos objectifs pour l’année à venir ?

SF : Pour l’année à venir, nous avons pour objectif de continuer à tester et améliorer notre prototype, en particulier la partie capteurs et électronique. Une des étapes clés sera de fiabiliser les mesures obtenues, de manière à garantir leur précision et leur reproductibilité. Nous souhaitons également constituer une base de données sur des volontaires, afin de tester notre dispositif dans des conditions réelles et de pouvoir comparer les résultats obtenus avec les méthodes diagnostiques classiques.